Les victimes du Rana Plaza toujours pas indemnisées
Le 24 avril dernier, à Savar, à 30 kilomètres de Dacca, la capitale du Bangladesh, le Rana Plaza, un immeuble de neuf étages abritant des ateliers de textile, s'est écroulé, entraînant la mort de 1 129 ouvriers. Les autorités tentent aujourd'hui encore d'identifier plusieurs centaines de corps retrouvés dans les décombres. Des femmes se rencontrent régulièrement devant le site surveillé par des policiers pour s'échanger les dernières nouvelles. Leurs revendications sont écrites sur des bouts de tissu accrochés aux barrières : "Entendez notre douleur !" ou "Faites-nous vivre après avoir tué nos proches !". Difficile et complexe, le travail d'identification des corps retarde le versement des indemnités. Fin mai, les autorités bangladaises ont collecté les ADN des familles de victimes pour les comparer à ceux des 300 corps restant à identifier.
Malgré les obstacles rencontrés sur le terrain, les discussions sur le montant des indemnités à accorder aux familles des victimes du Rana Plaza ont commencé le 11 septembre, au siège de l'Organisation internationale du travail (OIT), à Genève (Suisse), entre les grandes enseignes de distribution européennes et les syndicalistes bangladais. Les négociateurs s'inspirent du plan d'indemnisation élaboré par IndustriALL (représentation des travailleurs du textile dans le monde) et ses affiliés bangladais à la suite de l'effondrement de l'usine Spectrum en 2005. IndustriALL estime que l'indemnisation pourrait atteindre un montant total de 71 millions de dollars (54 millions d'euros). Selon la campagne Vêtements propres (Clean Clothes Campaign), qui participe comme témoin aux pourparlers, douze marques (sur la vingtaine impliquées dans l'accident) ont accepté de venir à Genève. "Nous appelons d'autres marques, dont Walmart, Benetton et Mango, à prendre part aux négociations", indique l'organisation.