Y voir clair sur le 1,3 butadiène
Le risque lié au 1,3-butadiène, produit utilisé dans les secteurs de la chimie et de la pétrochimie, est discuté. Entre les étés 2019 et 2022, l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) a mené une campagne de mesures nationale, pour évaluer les niveaux d’exposition à ce gaz incolore classé comme cancérogène et mutagène par la réglementation européenne. Et qui, depuis 2017, est doté d’un tableau des maladies professionnelles (le n° 99). Les résultats de cette campagne ont été publiés dans la revue Hygiène & Sécurité au travail de décembre 2022, dans un article qui rappelle qu’en 2016, entre 13 000 et 140 000 salariés ont potentiellement été exposés à cette substance.
En décembre 2017, une directive européenne (n° 2017/2398) a fixé la valeur limite d’exposition professionnelle sur 8 heures du 1,3-butadiène (VLEP-8h) à 2,2 mg/m3. Niveau jugé trop élevé par l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), qui a pointé dans un rapport de 2010 un risque additionnel de décès par leucémie de 1 personne sur 1 000 pour une exposition tout au long de la carrière à 0,8 mg/m3.
Pour sa campagne réalisée dans 51 établissements issus de 18 secteurs d’activité, l’INRS a utilisé une technique permettant de mesurer tous les niveaux d’exposition, y compris les plus faibles, et donc de comparer la VLEP en vigueur à celle recommandée par l’Anses.
L’étude montre que pour les secteurs d’exposition dite « secondaire » (celle-ci a lieu pendant la fabrication d’éléments à base de produits contenant du 1,3-butadiène, contrairement à l’exposition dite « primaire » qui intervient au cours de la conception de ce gaz ou de son utilisation pour faire des polymères), les niveaux constatés sont inférieurs à la VLEP réglementaire, et majoritairement inférieurs aux recommandations de l’Anses. Toutefois, prévient l’INRS, « certaines situations anormales » ont été identifiées pour les autres types d’expositions. « Le respect de l’exposition à des concentrations en 1,3-butadiène inférieures à celles recommandées par l’Anses est plus protecteur pour le travailleur que le respect de la VLEP-8h réglementaire », souligne l'Institut.