Le nombre de cancers d'origine professionnelle reste difficile à déterminer. En effet, ces pathologies peuvent être provoquées par des facteurs professionnels mais peuvent également avoir d'autres types de causes, personnelles ou environnementales. Ce sont des maladies plurifactorielles. Pour évaluer la " part attribuable " à un facteur de risque professionnel, il ne suffit donc pas d'additionner le nombre de cas de pathologies correspondantes. Cependant, lorsqu'on dispose de données épidémiologiques adéquates, il est possible d'estimer, au sein d'une population, la proportion de cas d'une pathologie ayant une origine professionnelle. Ainsi, l'Institut de veille sanitaire (InVS) a publié en 2003 un rapport présentant des estimations, pour certains cancers, du nombre de nouveaux cas survenus en 2000 en France et attribuables à des expositions professionnelles.
Ordres de grandeur voisins
Pour les cancers de la vessie, ce nombre a été évalué chez les hommes entre 732 et 1 039 ; pour les leucémies, il a été évalué entre 155 et 574 ; et pour les cancers du poumon, entre 2 751 et 6 136. Pour la même année, les données françaises d'exposition à l'amiante permettent d'évaluer également à 3 597 le nombre de cas de cancers du poumon attribuables à une exposition passée à l'amiante. Au total, pour la population française, l'InVS estime qu'environ 10 % de l'ensemble des nouveaux cas de cancers chez les hommes et 1,5 % chez les femmes sont d'origine professionnelle.
Des estimations de même type ont été faites dans d'autres pays, qui confirment des ordres de grandeur voisins dans les pays industrialisés. L'étude la plus récente et la plus complète concerne la Grande-Bretagne, pour six cancers : vessie, poumon, naso-sinus, peau, leucémies et mésothéliome. Les auteurs estiment que chez les hommes, 8 % de ces cancers sont attribuables à des expositions professionnelles, contre 1,5 % chez les femmes. Les cancérogènes concernés sont l'amiante, pour environ la moitié des cas, mais aussi la silice, les vapeurs de diesel, le radon, les huiles minérales et les dioxines, ainsi que les professions de peintre ou de soudeur.
Travail de nuit
Toutes ces estimations sont nécessairement sous-évaluées, car la connaissance des cancérogènes professionnels évolue constamment. Le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) a ainsi récemment classé le travail de nuit comme fortement soupçonné d'être à l'origine de certains cancers du sein. Sachant que 9 % des salariées françaises travaillaient la nuit en 2009, on pourrait estimer à entre 1 500 et 2 000 le nombre de cancers du sein survenus cette année et attribuables à ce facteur.