Exposition au bitume : faute inexcusable de l'employeur
La chambre sociale de la cour d'appel de Lyon a confirmé, le 13 novembre dernier, la faute inexcusable de la société Eurovia (groupe Vinci) et l'a condamnée à verser 200 000 euros de dommages et intérêts à la veuve de José Andrade, décédé en 2008 d'un cancer cutané au visage. Ce dernier avait fait reconnaître l'origine professionnelle de sa maladie provoquée par des expositions au bitume. En 2010, l'entreprise avait fait appel de la condamnation déjà prononcée par le tribunal des affaires de Sécurité sociale (Tass) de Bourg-en-Bresse en 2010.
Dans leur arrêt, les juges reprennent plusieurs manquements de l'employeur à son obligation de sécurité de résultat, comme le fait de ne pas avoir suivi les prescriptions du médecin du travail indiquant sur ses avis d'aptitude que le salarié ne devait pas avoir d'activité de réalisation d'enrobés. Ou encore de ne pas avoir mis à la disposition de ce salarié des dispositifs de protection contre les projections de bitume. Les magistrats ont également relevé que l'entreprise avait refusé de fournir le document unique d'évaluation des risques.
"Cancérigène" pour l'OMS
La fédération CGT de la construction s'est félicitée de ce jugement, qui "fait suite à la décision récente de l'Organisation mondiale de la santé [OMS, NDLR] de reconnaître le bitume cancérigène"."Il s'agit d'une étape importante dans la reconnaissance en France de la nocivité du bitume, de ses adjuvantset des produits connexes à son utilisation", a estimé la CGT, qui invite ses militants à se mobiliser pour faire reconnaître les maladies liées à ce type d'expositions.