La conférence sociale vise la qualité de vie au travail
Lors de la conférence sociale de juillet, le thème retenu pour donner le tempo du quinquennat en matière de conditions de travail sera " Améliorer la qualité de vie au travail ". Tour d'horizon des priorités syndicales.
C'est un peu l'orchestre jouant sur le pont du Titanic pendant le naufrage ", ironise Bernard Salengro, secrétaire national de la CFE-CGC, à propos du thème retenu pour aborder les conditions de travail - " Améliorer la qualité de vie au travail " - lors de la conférence sociale organisée par le gouvernement les 9 et 10 juillet prochain. " Cette appellation paraît totalement décalée par rapport à la gravité des conditions de travail dans les entreprises ", ajoute-t-il. Jean-Marc Bilquez, de FO, remarque pour sa part que la santé au travail n'est pas un thème central de la conférence et que l'intitulé retenu reprend celui de la négociation prévue entre les partenaires sociaux. " On est dans la droite ligne des discussions que nous avons avec le Medef précise-t-il. Nous avons d'ailleurs repoussé notre première séance de travail au mois de septembre pour tenir compte de la conférence de juillet. "
De fait, dans le programme adressé aux partenaires sociaux par le nouveau ministre du Travail, Michel Sapin, la qualité de vie au travail fait partie d'une table ronde consacrée à l'égalité professionnelle, pilotée par la ministre des Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem.
Pénibilité et réparation
Au-delà de l'aspect sémantique, l'enjeu est bien évidemment celui du contenu. En particulier, quel sort sera réservé à la réforme des services de santé au travail, votée en 2011 et décriée par les organisations professionnelles de médecins du travail ? Du côté de FO et de la CFE-CGC, on souhaite corriger le tir. Pour Bernard Salengro, " il faut revenir notamment sur la gouvernance des services pour obtenir une présidence alternée entre employeurs et salariés ". Un chantier que le candidat Hollande s'était engagé à rouvrir pendant la campagne électorale. Mais du côté de l'Elysée, aujourd'hui, on ne semble pas pressé de " rajouter une couche de plâtre sur un plâtre pas encore sec "
Autres sujets qui risquent de faire débat : la pénibilité et la réparation. " Deux thèmes que le patronat ne voulait pas voir figurer dans la négociation sur la qualité de vie au travail, mais que nous avons bien l'intention de porter dans la conférence sociale ", assure Jean-Michel Cerdan, chef de file de la CFTC. Même volonté de la part du secrétaire confédéral de la CFDT, Henri Forest : " Le volet pénibilité de la loi de 2010 sur les retraites n'est pas satisfaisant, que ce soit sur le plan de la prévention, où l'employeur peut facilement s'exonérer des contraintes formelles, ou sur celui de la compensation, où il conviendrait de mieux prendre en compte les expositions entraînant des effets différés sur la santé et réduisant l'espérance de vie. "
Enfin, " qui dit qualité de vie au travail dit aussi qualité du travail ", estime Alain Alphon-Layre, de la CGT : " Il faut ouvrir le chantier de la démocratie dans l'entreprise, revenir sur le droit d'expression des salariés, revoir aussi la place des CHSCT, notamment dans les petites entreprises. "
Face à cet inventaire à la Prévert, dans l'entourage du chef de l'Etat, on se veut rassurant, même si on précise qu'" il ne s'agira pas d'ouvrir tous les chantiers à la fois. Ce qui va compter, c'est la dynamique qui se met en place après ".