Le dossier médical en santé au travail (DMST) est une pièce importante du dispositif de prévention. Selon la Haute Autorité de santé (HAS), il doit aider le médecin du travail à apprécier le lien entre l'état de santé du travailleur, son poste et ses conditions de travail, à proposer des mesures en matière de prévention ou d'aménagement de poste et des conditions de travail, ou de maintien ou non dans l'emploi.
Informations sur les emplois occupés
Le DMST permet aussi la traçabilité des expositions professionnelles, des informations et des conseils de prévention délivrés au travailleur. Le médecin du travail peut ainsi participer à la veille sanitaire en santé au travail, en faisant le lien entre la santé du travailleur et ses expositions antérieures.
Le contenu du DMST est précisé par l'article L. 4624-8 du Code du travail : "Un dossier médical en santé au travail, constitué par le médecin du travail, retrace dans le respect du secret médical les informations relatives à l'état de santé du travailleur [...]. Les conditions de sa conservation et de son utilisation ou celles de son ouverture par d'autres professionnels de santé sont traitées dans plusieurs articles du Code du travail (D. 4625-33, L. 4624-7, R. 1262-9, R. 4412-55, R. 4426-8, R. 4624-12, R. 4624-26, R. 4625-17).
Outre l'identité du professionnel de santé et le nom du service de santé au travail en charge du dossier, ainsi que la date et le type des visites médicales, le DMST doit comporter des informations socio-administratives permettant d'identifier sans risque d'erreur un travailleur : identité, adresse, date de naissance, reconnaissance en qualité de travailleur handicapé, notion d'invalidité... Il doit bien entendu contenir des informations sur l'emploi occupé par le salarié et ses activités, afin d'identifier les expositions professionnelles actuelles et antérieures, ainsi que les fiches de poste, les fiches pénibilité et individuelles d'exposition fournies par l'employeur, voire d'éventuelles études de poste.
Du côté de la santé du travailleur, afin d'évaluer le lien entre celle-ci et le travail actuel ou passé, le DMST doit intégrer les symptômes constatés, les signes cliniques, les résultats des examens complémentaires, toute maladie professionnelle diagnostiquée. Enfin, il doit, comme indiqué plus haut, comprendre les propositions et avis du médecin du travail concernant les moyens de protection, les propositions d'amélioration ou d'adaptation de poste...
Besoin d'un Vocabulaire partagé
Dans un sens plus pratique, et afin d'assurer la continuité du suivi médical du travailleur par différents médecins, la HAS recommande l'utilisation d'un thésaurus commun, avec des termes partagés, pour rendre compte des éléments cliniques et des expositions professionnelles.
Malgré ces conseils, la bonne tenue du DMST rencontre des obstacles. Le principal étant que, dans la configuration actuelle des services de santé au travail, les professionnels de santé n'ont pas les moyens de suivre toutes les recommandations de la HAS. Les dispositions des récentes réformes - médecins du travail éloignés du terrain, espacement des visites médicales - entraînent une perte d'informations sur l'état de santé des travailleurs, avec des difficultés pour repérer les signes précoces d'altération de la santé. Concernant les risques professionnels, les fiches de poste sont rarement adressées par l'employeur au médecin et l'évaluation de certains risques (psychosociaux ou chimiques) est souvent insuffisante dans le document unique. Enfin, la transmission des dossiers antérieurs, notamment entre différents services de santé au travail, demeure problématique.