Si de nombreux produits chimiques sont couramment utilisés sur les lieux de travail, seuls certains ont des effets nocifs pour la santé des travailleurs exposés. Ces produits toxiques n'ont pas tous les mêmes effets, lesquels peuvent aussi varier selon les modes d'exposition. Il est donc important d'avoir des repères en la matière pour mieux orienter les mesures de prévention.
Effet local ou systémique
Tout d'abord, quel est le mode de contamination, c'est-à-dire la façon dont les produits entrent en contact avec l'organisme ? Le corps peut absorber les agents chimiques de plusieurs manières : soit par inhalation, lorsqu'un individu respire les produits dans son atmosphère de travail ; soit par la voie cutanée, c'est-à-dire par contact avec la peau. Ce sont les deux modes de contamination les plus courants sur les lieux de travail. Mais il peut arriver, plus rarement, que des produits chimiques soient ingérés, accidentellement ou de façon indirecte lorsque des personnes boivent, mangent ou fument dans des espaces de travail contaminés.
Concernant l'effet toxique, celui-ci peut être local. Il survient alors au point de contact avec le produit chimique. Une irritation ou une brûlure apparaissent à l'endroit du corps exposé au produit irritant ou corrosif. Mais un effet toxique peut aussi être "systémique" et se produire à un endroit éloigné du point de contact initial. Les substances toxiques respirées et absorbées par les poumons sont ensuite distribuées dans d'autres tissus et peuvent y exercer ce type d'effet toxique : une sensation d'ivresse, des vertiges ou des maux de tête - c'est le cas notamment à la suite de l'inhalation de certains solvants.
Si l'effet nocif d'un produit dangereux apparaît immédiatement ou très peu de temps après l'exposition, on parle alors de "toxicité aiguë". Ce type de toxicité entraîne des dommages corporels parfois très graves. Elle résulte en général d'une exposition unique et importante à un produit chimique, ou d'une exposition à de plus petites quantités mais qui se répète à intervalles rapprochés. Une telle exposition peut se produire par exemple à la suite du déversement accidentel d'une substance toxique, à l'occasion d'une fuite dans un conduit qui en transporte ou lors du nettoyage d'une cuve qui en contenait.
Les effets nocifs peuvent également apparaître à plus long terme, souvent après une exposition répétée, jour après jour, pendant de nombreuses années : c'est la toxicité chronique. En général, les quantités absorbées sont trop faibles pour générer une toxicité aiguë et les pathologies peuvent survenir plusieurs mois, voire plusieurs années, après que les salariés ont été exposés. C'est le cas, par exemple, pour les produits cancérogènes, les cancers se déclarant parfois quarante ans après l'exposition.
La dose fait le poison ?
Enfin, la dose est la quantité de substance a` laquelle un organisme est exposé. L'idée selon laquelle "la dose fait le poison", utilisée conventionnellement pour évaluer les dangers des substances chimiques, implique que leurs effets augmentent de manière constante en fonction de la dose reçue. C'est ce qu'on appelle la "relation dose-effet". Celle-ci se vérifie pour la plupart des produits. Néanmoins, des études expérimentales évoquent aujourd'hui, en particulier pour certains perturbateurs endocriniens comme le bisphénol A, des schémas différents : les effets à faibles doses apparaissent plus importants, voire opposés à ceux observés à dose moyenne ou forte. Il est donc indispensable de rester prudent et vigilant lors de l'évaluation des risques.